l'histoire de L'école
« Lorsqu'il faut choisir entre liberté et érudition, qui ne dira que l'on doit mille fois préférer la première à la seconde ? » GandhiL’histoire de l’école
Enfant, je voyais ma mère pratiquer quotidiennement (et je me demandais bien quel plaisir elle trouvait à mettre la tête en bas tous les jours!!). Elle nous faisait faire des exercices de respiration lorsque nous étions enrhumées, et des relaxations lorsque nous étions nerveuses (plutôt le lieu de fous-rires entre soeurs que de relaxation profonde!). J’ai choisi d’y plonger à mon tour professionnellement il y a plus de 20 ans ; il était bien différent d’aujourd’hui.
On me demandait souvent d’un air moqueur si c’était une secte, ou un moyen de décoller du sol en lévitation. Il m’a fallu constance et détermination pour faire entendre que cette pratique est un art de vivre d’un soutien inconditionnel pour traverser la vie et ses aléas ! J’avais l’exemple de ma mère, jamais malade, toujours modérée, d’une force sans pareille quand mon père est décédé à cette même époque, pour savoir que je ne me trompais pas.
Pourtant, après quelques années de pratique assidue, je retrouvais un sentiment que j’avais eu dans le milieu de la danse contemporaine. Reproduire une image (la posture traditionnelle) même si elle fait mal, devoir faire partie d’un clan en utilisant des mots sanskrit, et ne pas « en être » si on ne rentrait pas dans ce « moule yogi ». Je traversais une contradiction forte : cette pratique me nourrissait en profondeur quand je la pratiquais à mon rythme, chez moi (grâce à mon bagage de danseuse et un accompagnement en gestalt thérapie – une psychothérapie humaniste – qui m’apprit à me respecter), et m’amenait dans des zones de douleur physiques et psychiques quand je la pratiquais dans mon école d’alors.
Mon professeur me renvoyait à l’époque « Tu ne pratiques pas encore assez », « tu n’es pas encore vraiment décidée ». Après avoir cherché à appliquer ces conseils, qui m’emmenaient vers plus de souffrances, je compris que ce n’était pas mon chemin.
Par ailleurs, j’avais commencé à enseigner, et me retrouvai souvent face à des élèves qui arrivaient blessés par leur pratique de yoga. Le paradoxe grandissait…
Je commençai alors des recherches poussées entourées de praticiens pointus (kinés, ostéopathes, psychothérapeutes, gestalt-thérapeutes, médecins, naturopathe, entre autres ) pour comprendre comment le yoga pouvait à la fois faire du bien et du mal.
Et trouver des réponses à mes résistances face à la tradition qui s’apparentait bien souvent à du folklore. Le yoga traditionnel a été développé dans un contexte complétement différent, pour un mode de vie qui n’est pas le nôtre !
L’aspect universel du yoga ne se trouve pas dans sa forme mais son fond : sa philosophie et sa compréhension intuitive du lien corps – esprit. Certainement pas dans la transmission de postures figées construites pour et par des adeptes entrainés depuis le plus jeune âge. J’ai donc commencé à adapter les postures comme d’autres l’ont fait avant moi. J’ai rencontré de grands professionnels du yoga (j’ai une pensée émue pour Noelle Christian Perez, Bernadette De Gasquet, Krishna) qui m’ont encouragée personnellement. J’ai vu ma propre pratique et mes élèves se transformer. Deux élèves me reviennent en tête. L’une d’elle avait 99 ans.
Elle vint à son 1er cours en déambulateur… On travailla à la mobiliser doucement, à sentir, à respirer. A la fin de la séance, elle me dit « c’est la 1ère fois que je sens ma respiration en profondeur, je ne me suis jamais sentie aussi vivante ». Quelle joie et gratitude j’ai pu ressentir ! La 2ème élève avait 27 ans. Elle arriva, courbée de douleurs, la veille de sa 2ème opération après 10 ans de parcours médical pour une hernie discale qu’elle n’arrivait pas à soigner. Elle voulait l’éviter mais pensait que c’était « foutu ». « Ça fait 10 ans que je vis avec la douleur quotidienne. Je ne me souviens plus ce que c’est que de ne pas avoir mal ». Nous avons travaillé pendant 1h30 à délier, lâcher, et toujours respirer bien sûr. Comprendre la position juste du bassin.
A la fin de la séance, elle s’était redressée. Les larmes aux yeux, elle me remercia : « Je n’ai plus mal. » Elle évita l’opération. Et vit aujourd’hui parfois avec la douleur, parfois sans, et elle sait comment faire pour ne plus avoir mal. Evidemment, ces 2 exemples sont spectaculaires. Il faut souvent plus d’une séance pour ressentir les bienfaits en profondeur. Mais nombre de mes élèves ont guéri de leurs blessures physiques, comme d’autres ont retrouvé la joie de vivre et la paix intérieure, après plusieurs années de souffrance. Ces expériences, la fidélité d’élèves depuis plus de 20 ans, et l’engagement de personnes toujours plus nombreuses, me portent pour enseigner et militer pour l’adaptation du yoga a nous, occidentaux, « ici et maintenant ».
Ce chemin vers la joie et la paix intérieures est une voie vers la liberté d’être soi, un chemin de guérison. Je ressens une infinie gratitude envers toutes les personnes qui m’ont fait confiance et grâce à qui cette école peut être.
Bienvenue à ENVY, bienvenue à tous !
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